Amiante : la santé mentale est également impactée par une exposition
L'amiante est depuis longtemps reconnu comme un ennemi redoutable pour la santé physique, notamment en raison des maladies graves engendrées comme le mésothéliome ou l’asbestose. Mais qu’en est-il des impacts sur la santé mentale des individus exposés à cette substance toxique ? Une dimension moins visible mais tout aussi importante émerge : les troubles psychologiques découlant des agressions respiratoires dues à l'amiante. Ceci est l'objet de l'étude de la chercheuse Isabelle Thaon (Université de Lorraine/INSERM).
Le 31 décembre 2024
Amiante et santé mentale : des impacts invisibles mais réels
L'amiante est depuis longtemps reconnu comme un ennemi redoutable pour la santé physique, notamment en raison des maladies graves engendrées comme le mésothéliome ou l’asbestose. Mais qu’en est-il des impacts sur la santé mentale des individus exposés à cette substance toxique ? Une dimension moins visible mais tout aussi importante émerge : les troubles psychologiques découlant des agressions respiratoires dues à l'amiante.
Ceci est l'objet de l'étude de la chercheuse Isabelle Thaon (Université de Lorraine/INSERM).
Un traumatisme psychologique associé au diagnostic
Recevoir un diagnostic de maladie liée à l’amiante est souvent un choc. Les pathologies respiratoires comme le cancer du poumon ou l’asbestose sont non seulement graves, mais elles induisent également une anxiété chronique chez les patients.
Le sentiment de vulnérabilité face à une maladie incurable ou à progression lente peut mener à des troubles tels que :
- L’anxiété généralisée : due à l'incertitude sur l'évolution de la maladie ;
- La dépression : résultant d'une perte d’autonomie, de capacités physiques ou de l’impact sur la vie quotidienne ;
- Le stress post-traumatique (PTSD) : chez certains, en particulier ceux qui associent leur exposition à un environnement de travail dangereux ou à une négligence institutionnelle.
Les effets psychologiques de la diminution des capacités respiratoires
Les agressions respiratoires causées par l'amiante, comme la dyspnée (difficulté à respirer), ont des répercussions directes sur la qualité de vie des malades. Cette gêne permanente affecte non seulement leur bien-être physique mais aussi leur état psychologique :
- La peur de l'étouffement : une angoisse omniprésente pour de nombreux patients, pouvant entraîner des attaques de panique.
- L’isolement social : beaucoup limitent leurs interactions sociales ou leurs activités physiques par peur de crises respiratoires, ce qui aggrave leur solitude et leur sentiment de dépression.
- L’épuisement mental : vivre avec des symptômes chroniques et invalidants peut provoquer un état d’épuisement psychologique.
L'impact sur les proches
Les maladies liées à l'amiante ne touchent pas uniquement les patients eux-mêmes. Les familles et les proches sont souvent plongés dans une détresse émotionnelle, partagée entre l’impuissance face à la maladie et la charge mentale de fournir un soutien constant. Ces situations peuvent conduire à des tensions familiales, à des états dépressifs chez les aidants, voire à un épuisement compassionnel.
Le poids du contexte social et juridique
À ces souffrances personnelles s'ajoutent des problématiques sociales. De nombreuses victimes de l’amiante doivent engager des démarches juridiques complexes pour obtenir une reconnaissance ou une indemnisation. Ces procédures longues et souvent frustrantes amplifient le stress et la détresse psychologique, en particulier chez les individus se sentant abandonnés par le système.
Vers une prise en charge globale
La gestion des conséquences de l’amiante ne peut se limiter aux aspects médicaux. Une prise en charge globale est essentielle pour inclure un soutien psychologique aux patients et à leurs familles.
Les initiatives prometteuses incluent :
- Des groupes de soutien pour rompre l’isolement et partager les expériences ;
- Des programmes de psychothérapie cognitivo-comportementale (TCC) pour traiter l’anxiété et la dépression ;
- Une meilleure reconnaissance institutionnelle de l’impact psychologique des maladies liées à l’amiante, avec des compensations adaptées.
Une prise de conscience nécessaire
Les maladies liées à l’amiante sont une double peine, physique et mentale. Reconnaître et traiter les conséquences psychologiques de ces pathologies est une étape essentielle pour améliorer la qualité de vie des victimes. Les avancées en matière de prise en charge psychologique et de soutien social doivent devenir une priorité pour les institutions de santé et les associations d’aide aux victimes.
Plus de détails dans le rapport d'étude de Madame Isabelle Thaon.
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