Un "nouvel amiante" environnemental ?

Une étude récente (mars 2025) met en lumière les propriétés toxiques potentielles de l'antigorite fibreux présent naturellement dans les serpentinites de Calabre, au sud de l’Italie. Cette recherche s’inscrit dans une démarche d’évaluation des risques sanitaires liés aux amiante d’origine naturelle, de plus en plus documentée en Europe et dans le monde.

Le 27 mars 2025

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Antigorite fibreux en Calabre : un danger environnemental méconnu ?

Temps de lecture : 4 min

Catégorie : réglementation européenne / technique

Une étude récente publiée dans Science of the Total Environment (mars 2025) met en lumière les propriétés toxiques potentielles de l'antigorite fibreux présent naturellement dans les serpentinites de Calabre, au sud de l’Italie. Cette recherche s’inscrit dans une démarche d’évaluation des risques sanitaires liés aux amiante d’origine naturelle (NOA – Naturally Occurring Asbestos), de plus en plus documentée en Europe et dans le monde.

Une roche au comportement proche de l'amiante

L’équipe de chercheurs a analysé un affleurement de serpentinite situé à San Mango d’Aquino, dans la région du Monte Reventino. Ce site a révélé la présence de fibres d’antigorite présentant une morphologie conforme aux critères de l’OMS pour les fibres respirables, à hauteur de 31 %, avec jusqu’à 66 % de particules allongées (EMPs).

L’analyse démontre que ces fibres :

  • résistent fortement à la dissolution dans des fluides simulant les conditions corporelles (solution de Gamble modifiée),

  • possèdent une réactivité de surface élevée, favorisant la génération d’espèces réactives de l’oxygène (ROS),

  • affichent une durabilité comparable à celle de l’amiante chrysotile, ce qui peut prolonger leur présence dans les poumons en cas d’inhalation.

Des implications sanitaires sérieuses

Ces caractéristiques suggèrent que l’antigorite fibreux présente un potentiel toxique similaire à celui de l’amiante réglementé, notamment en termes de carcinogénicité. Les auteurs recommandent d’évaluer le niveau d’exposition environnementale dans les zones avoisinantes, en particulier dans les zones habitées ou à forte activité humaine (chantier, exploitation agricole, circulation routière).

Vers une prise en compte réglementaire ?

À l’heure actuelle, l’antigorite ne figure pas parmi les six variétés d’amiante réglementées par les directives européennes. Pourtant, cette étude — comme d’autres menées en Nouvelle-Calédonie ou dans le nord de l’Italie — démontre que certains minéraux non réglementés peuvent présenter un risque sanitaire équivalent.

Cela pose la question de l’élargissement du périmètre réglementaire, notamment pour les minéraux à morphologie fibreuse similaires à l’amiante. Des méthodologies comme celle développée par l’équipe de Petriglieri offrent un cadre reproductible pour évaluer ces risques à l’échelle locale.

Sources :
Petriglieri J.R. et al., Naturally occurring asbestos in Southern Italy, Science of the Total Environment, Volume 970, 2025, 178970. Publié en ligne le 3 mars 2025.
DOI : 10.1016/j.scitotenv.2025.178970 

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2025 03 Etude amiante Italie

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