Rénovation : êtes-vous prêts à répondre aux obligations liées au plomb ?

Évaluation du risque plomb avant travaux : un guide de référence actualisé par l’OPPBTP

Temps de lecture : 6 min – Catégorie : réglementation / technique

L’OPPBTP vient de publier l’édition 2025 de son guide « Évaluation du risque plomb avant travaux », un ouvrage de référence qui fait le point sur la réglementation, les responsabilités des acteurs, les méthodes de repérage, et les mesures de prévention. Ce document s’inscrit dans une démarche de santé publique et de sécurité au travail face à un toxique "sans seuil" encore trop présent dans l’environnement bâti.

Un enjeu sanitaire majeur dans le BTP

Le plomb, toujours utilisé dans certains matériaux, est reconnu comme reprotoxique, mutagène et cancérogène, même à très faible dose. Il peut provoquer saturnisme, troubles neurologiques, insuffisances rénales ou infertilité, en particulier chez les professionnels exposés sur les chantiers de rénovation.

Le Code du travail impose ainsi un repérage du risque plomb (RAT) en amont de toute opération, impliquant le maître d’ouvrage, le maître d’œuvre, le coordonnateur SPS et les entreprises de travaux.

Ce que couvre le guide

1. Les sources de plomb à identifier

Le guide recense les matériaux concernés : peintures anciennes, vernis, carrelages, plâtres, colles, canalisations, câbles, etc. Le plomb est surtout présent dans les bâtiments antérieurs à 1949, mais peut subsister jusqu’aux années 1994 dans certains produits.

2. Les obligations réglementaires

Contrairement à l’amiante, le repérage plomb avant travaux n’est pas encadré par une réglementation spécifique dans le Code du travail. Toutefois, le RAT s’impose dans le cadre de l’évaluation des risques prévue par l’article L4121-2. Le guide insiste sur les responsabilités partagées entre le MOA, MOE, CSPS et entreprises.

3. Les diagnostics disponibles

• CREP : pour les logements construits avant 1949.

• DRIPP : en cas de suspicion de saturnisme.

• Diagnostic déchets (PEMD) : dans les projets de démolition ou rénovation significative.

• Contrôle après travaux : pour vérifier la suppression du risque.

4. Les méthodes d’analyse

Le guide décrit trois techniques principales :

• Fluorescence X : rapide, non destructive.

• Analyse chimique (acido-soluble) : en laboratoire, plus précise.

• Test lingette : pour les prélèvements de poussières surfaciques après travaux.

Il est rappelé que la présence de plomb ne signifie pas automatiquement un danger, mais doit être corrélée aux conditions d’exposition lors des interventions.

Une norme expérimentale en soutien : NF X46-035

En l’absence de décret spécifique pour le repérage plomb avant travaux, la norme volontaire NF X46-035 (2021) constitue une référence méthodologique pour les diagnostiqueurs et les entreprises. Elle encadre les modalités de repérage, notamment les matériaux à inspecter, la rédaction des rapports, et les seuils à prendre en compte.

Vers un durcissement à l’échelle européenne

L’Union européenne a récemment abaissé les valeurs limites d’exposition professionnelle (VLEP) à 0,03 mg/m³ et les valeurs limites biologiques (VLB) à 150 µg/L, avec une transposition attendue avant avril 2026. Le guide anticipe déjà ces évolutions et recommande de s’y conformer dès à présent pour une meilleure prévention.

Conclusion

En synthèse, ce guide de l’OPPBTP constitue un outil incontournable pour tous les professionnels confrontés au risque plomb. Il apporte une vision complète et actualisée des bonnes pratiques à adopter pour protéger les salariés, les occupants et répondre aux exigences réglementaires et techniques.

Source :
OPPBTP, Évaluation du risque plomb avant travaux – Collection Organisation, édition décembre 2025, ISBN 978-2-7354-0564-0.

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