Plomb et patrimoine : entre savoir-faire ancestraux et impératifs de prévention

Deux nouveaux guides de référence pour renforcer la prévention du risque plomb dans les métiers d’art et du patrimoine

Temps de lecture : 6 min – Catégorie : réglementation, technique

Dans un contexte réglementaire de plus en plus exigeant, deux documents viennent renforcer l'information et la prévention du risque plomb dans les environnements professionnels :

• le Guide de prévention du risque plomb dans les métiers d’art et du patrimoine (Éditions Ateliers d’Art de France, 2025),

• et une synthèse du document précédemment cité, publiée par les pouvoirs publics.

Ces publications constituent des outils complémentaires, à la fois pédagogiques et pratiques, pour accompagner les professionnels dans leurs démarches de conformité réglementaire et de sécurité sanitaire.

Un enjeu sanitaire majeur

Le plomb est classé comme agent CMR (cancérogène, mutagène, reprotoxique) et toxique sans seuil d'effet. Il pénètre dans l’organisme par voie respiratoire ou voie digestive, et provoque notamment le saturnisme, pathologie pouvant avoir des conséquences irréversibles sur la santé.

Les deux guides insistent sur le fait que malgré les progrès réalisés, la vigilance reste de mise, notamment dans les métiers à forte exposition comme le vitrail, la restauration de patrimoine, ou encore la facture instrumentale (fabrication d'instruments de musique).

Des valeurs limites bientôt renforcées

Ces documents rappellent les évolutions réglementaires majeures à venir :

• VLEP (valeur limite d’exposition professionnelle) abaissée à 30 µg/m³ d’air au 1er janvier 2029, contre 150 µg/m³ aujourd’hui.

• VLB (valeur limite biologique) abaissée à 150 µg/L de sang (au lieu de 400 µg/L pour les hommes et 300 µg/L pour les femmes).

Une période transitoire est prévue de 2026 à 2028, avec des tolérances spécifiques pour les travailleurs dits "historiques", à condition de mettre en place une surveillance médicale renforcée.

Des mesures concrètes pour réduire l’exposition

Le guide des métiers d’art compile les meilleures pratiques de prévention :

• Port de vêtements de travail dédiés et fermés,

• Utilisation de masques FFP3 ou demi-masques à cartouches filtrantes selon le niveau de risque,

• Mise en place de ventilation à la source (hotte aspirante, bras articulés),

• Nettoyage régulier avec aspirateur équipé de filtre HEPA H14,

• Mise en œuvre d’un double vestiaire avec douches, pour éviter la contamination croisée.

Ces recommandations sont adaptées à toutes les échelles d’ateliers et aux réalités économiques du secteur.

Des recherches actives pour des alternatives

Le guide met également en lumière les travaux du Cerfav (Centre européen de recherches et de formation aux arts verriers), qui a développé un alliage sans plomb pour vitrail et lancé le projet Suplart visant à tester sa durabilité. Mais aucun substitut universel au plomb n’existe encore à ce jour pour remplacer ses propriétés uniques.

Une sensibilisation indispensable

Enfin, les deux publications insistent sur le rôle clé de la formation :

• Fiches de poste,

• DUERP (document unique d’évaluation des risques),

• Information sur les symptômes précoces du saturnisme,

• Interventions de services de santé au travail.

Les enfants et femmes enceintes sont identifiés comme publics à vulnérabilité particulière, appelant des mesures de précaution renforcées.

Conclusion

Ces deux documents, riches, complets et illustrés, s’inscrivent dans une logique de renforcement de la culture de prévention. Ils constituent une référence essentielle pour les artisans, les restaurateurs, les formateurs et les maîtres d’ouvrage concernés par la manipulation ou la présence de plomb dans les matériaux ou les œuvres à conserver.

Sources :

• Guide de prévention du risque plomb dans les métiers d’art et du patrimoine, Les Éditions Ateliers d’Art de France, mai 2025

• Synthèse – Guide Plomb 25, 2025

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