Nouvelle grille d’évaluation du risque amiante publiée en Espagne

L’Institut National de Sécurité et de Santé au Travail (INSST) en Espagne, cousine espagnole de l'INRS, a publié en novembre 2025 une méthodologie innovante pour la valorisation du risque potentiel des matériaux contenant de l’amiante (MCA) installés dans les bâtiments et installations. Ce document de 32 pages vise à combler un vide réglementaire en Espagne, en fournissant un cadre technique pour évaluer, classer et prioriser les risques liés à l’amiante en place, hors des contextes de retrait ou de maintenance spécialisés.

Le 4 décembre 2025

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Titre : Nouvelle méthodologie espagnole d’évaluation du risque des matériaux amiantés en place

Temps de lecture : 6 min – Catégorie : réglementation internationale, technique

L’Institut National de Sécurité et de Santé au Travail (INSST) en Espagne, cousine espagnole de l'INRS, a publié en novembre 2025 une méthodologie innovante pour la valorisation du risque potentiel des matériaux contenant de l’amiante (MCA) installés dans les bâtiments et installations. Ce document de 32 pages vise à combler un vide réglementaire en Espagne, en fournissant un cadre technique pour évaluer, classer et prioriser les risques liés à l’amiante en place, hors des contextes de retrait ou de maintenance spécialisés.

Une évaluation nécessaire pour la prévention et la santé publique

La présence d’amiante dans les bâtiments construits avant 2002 reste une réalité préoccupante en Espagne, malgré l’interdiction de sa commercialisation. La méthodologie présentée par l’INSST s’inscrit dans les obligations prévues par la loi 7/2022 sur les déchets et les sols contaminés, qui impose aux municipalités d’établir un recensement, via un diagnostic, et un plan de retrait du matériau avant 2028.

Ce cadre technique repose sur un principe fondamental : même à faibles concentrations, l’exposition chronique à l’amiante constitue un risque sanitaire significatif. L’évaluation du risque ne concerne donc pas uniquement les travailleurs exposés, mais également la population générale dans les environnements contaminés.

Un algorithme d’évaluation basé sur un modèle additif

La méthodologie repose sur un modèle additif semi-quantitatif qui permet une classification objective du risque.

Trois catégories de facteurs sont analysées :

  • La dangerosité du MCA : caractéristiques intrinsèques du matériau (type, état de conservation, traitement de surface, variété et teneur en amiante).

  • Les caractéristiques de l’environnement : possibilité d’endommagement, activité humaine, vibrations, circulation de l’air, gradients thermiques, corrosion, etc.

  • L’exposition potentielle des personnes : niveau d’occupation, accessibilité, fréquence et durée de présence dans la zone.

Chaque facteur reçoit une pondération spécifique selon son influence dans l’évaluation globale. Le score final (REXP-MCA) permet de classer le MCA selon trois niveaux de risque : faible, modéré ou élevé.

Application concrète : deux cas pratiques

Le document propose deux études de cas illustratives :

  • Un hôpital avec des calorifugeages projetés à l’amosite, jugé à risque élevé : score REXP-MCA = 2,305. Ce cas nécessite une retraitement prioritaire (retrait) et des mesures transitoires de prévention.

  • Un établissement scolaire avec des plaques de fibro-ciment au toit, jugé à risque modéré (REXP-MCA = 1,78). Bien que les matériaux soient peu friables, la fréquentation élevée des lieux par les élèves augmente significativement le risque, justifiant une surveillance étroite en attendant leur retrait.

Une méthodologie comme outil décisionnel

Cette approche fournit aux propriétaires, responsables d’établissements publics, coordonnateurs SPS et gestionnaires immobiliers une base claire pour :

  • Identifier les priorités de désamiantage,

  • Mettre en œuvre des plans de gestion,

  • Et assurer la traçabilité des décisions prises.

Elle s’aligne avec la directive européenne 2023/2668, qui recommande de privilégier la suppression de l’amiante à toute autre forme de gestion passive.

Une base pour des politiques publiques plus ambitieuses

En structurant l’évaluation autour de critères techniques mesurables, ce guide pourrait également servir de référence pour les collectivités locales dans la constitution de leurs recensements d’amiante et la définition de leurs calendriers de retrait, comme le prévoit la législation espagnole.

Sources :
INSST, Metodología de valoración del riesgo potencial de los materiales con amianto instalados, novembre 2025.
Directive (UE) 2023/2668 – Parlement européen et Conseil, 22 novembre 2023.
Loi 7/2022, Espagne – Disposition additionnelle quatorzième. 

Pour en savoir plus et bénéficier de notre veille réglementaire et normative, nous consulter.

 

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