Moment culturel : art et amiante au diapason ...

L'art et l'amiante sont-ils compatibles... ?

Le 19 novembre 2024

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Willy Guhl : entre création et controverse, l’époque où l’amiante était un matériau d’avenir...

Edito d'Olivier Héaulme, Directeur Général d'Aléa Contrôles : quand l'art et l'amiante étaient au diapason ...

L’évolution des matériaux a toujours fasciné les designers. Willy Guhl, un des plus grands pionniers du design suisse du XXe siècle, incarne cette quête incessante d’innovation. Né en 1915 en Suisse et connu pour ses conceptions minimalistes et fonctionnelles, Guhl a fait partie d’une génération de créateurs explorant les possibilités des matériaux modernes, y compris l’amiante-ciment, un composé aujourd’hui au centre de controverses sanitaires.

La chaise Eternit : Une révolution design et technique

En 1954, Willy Guhl conçoit l’une de ses œuvres les plus célèbres : la chaise "Loop", plus connue sous le nom de "chaise Eternit". Fabriquée à partir de panneaux d’amiante-ciment produits par la société suisse Eternit AG, cette chaise illustrait la vision de Guhl : créer des objets à la fois élégants, durables et accessibles. Le design monobloc en boucle fermée, obtenu grâce à la souplesse et à la solidité du matériau, était une prouesse technique inédite à l’époque.

La chaise Eternit révolutionnait à la fois la production et l’esthétique du mobilier. Légère, empilable et résistante aux intempéries, elle devint une icône du design moderniste et trouva sa place dans les jardins, terrasses et intérieurs à travers le monde.

Amiante-ciment : Matériau miracle devenu poison

Dans les années 1950, l’amiante était perçu comme un matériau miracle. Ses qualités isolantes, ignifuges et sa durabilité en faisaient un choix de prédilection pour de nombreuses applications industrielles et architecturales. Cependant, les conséquences sanitaires de l’exposition aux fibres d’amiante étaient alors largement méconnues.

Les œuvres de Willy Guhl utilisant l’amiante-ciment ne faisaient pas exception. Bien que réalisées avec des intentions artistiques et fonctionnelles, elles sont aujourd’hui reconsidérées à la lumière des dangers liés à l’amiante. La production de ces chaises a été interrompue lorsque les risques sanitaires de l’amiante sont devenus évidents, et de nombreux exemplaires subsistants sont désormais manipulés avec précaution.

Un héritage complexe 

L’œuvre de Willy Guhl révèle le paradoxe d’une époque où l’innovation matérielle était parfois poursuivie au détriment de la santé publique. Si son design reste une inspiration pour de nombreux créateurs, il pose également des questions sur la responsabilité des artistes et des industriels face aux conséquences de leurs choix matériaux.

Aujourd’hui, la chaise Eternit demeure un objet mythique. Elle symbolise à la fois le génie créatif de Guhl et la nécessité de prendre en compte les impacts à long terme des technologies et des matériaux. Le travail de Guhl, bien qu’indissociable de son contexte historique, nous invite à réfléchir à la manière dont nous intégrons l’éthique dans la création. 

Le parcours de Willy Guhl est une leçon sur la tension entre innovation et précaution. Bien que ses œuvres continuent de captiver les amateurs de design, elles rappellent à quel point la compréhension des matériaux est cruciale pour garantir un héritage sûr et durable.

 
PS : il est toujours possible, en pratique, d'acquérir des oeuvres de Willy Guhl en France, contenant de l'amiante, notamment via le web. Certaines oeuvres dépassent même des prix de vente supérieure à 10 000 €TTC. Mais les oeuvres d'art constituent-elles une exception réglementaire à la mise en vente de matériaux et produits contenant de l'amiante ... ?
 

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