Une Flandre (Belgique) sans amiante en 2024 ?

Vers un patrimoine protégé sans risque d'amiante : enjeux et stratégies en Flandre (Belgique)

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Catégorie : Réglementation

La préservation du patrimoine bâti en Flandre (Belgique) se heurte à un défi majeur : l'élimination progressive de l'amiante tout en conservant les valeurs architecturales et historiques des bâtiments classés. Le Plan d'action pour la réduction de l'amiante mis en place par l'OVAM (Agence publique flamande des déchets) fixe l'objectif d'une région "sans amiante" d'ici 2040. Cependant, la question de l'amiante dans le patrimoine protégé impose des décisions complexes.

Un cadre d’évaluation pour l’élimination de l’amiante

Face à ce double enjeu de sécurité sanitaire et de conservation du patrimoine, le gouvernement flamand a mis en place un cadre d’évaluation pour déterminer si l’amiante doit être supprimé, remplacé ou conservé sous gestion contrôlée.

Ce cadre repose sur plusieurs critères principaux :

• L'impact sanitaire : la santé publique prime sur la conservation. Si l'amiante présente un risque de libération de fibres, son retrait est prioritaire.

• La valeur patrimoniale : certains matériaux amiantés, comme des plaques de Glasal colorées ou des éléments architecturaux en fibrociment, peuvent constituer des composantes historiques de bâtiments classés.

• La stabilité du bâtiment : l’élimination d’un matériau ne doit pas compromettre l’intégrité de la structure.

• L'opportunité de restauration : la suppression de l’amiante peut offrir une chance de réhabilitation du patrimoine, notamment pour restaurer des éléments d’origine cachés ou altérés.

Trois stratégies de gestion de l'amiante dans les bâtiments classés

En fonction de ces critères, trois stratégies principales sont envisagées :

1. Retrait total : lorsque l’amiante présente un danger avéré. Exemple : les sols en vinyle amianté d’une maison moderniste à Schilde ont été remplacés par un revêtement en terrazzo, respectant l'esthétique d'origine.

2. Remplacement par un matériau sécurisé et conforme : lorsque le retrait est nécessaire mais que l’aspect visuel doit être préservé. Exemple : à Deurne, les plaques de Glasal d’une maison de l'architecte Renaat Braem ont été remplacées par une reproduction exacte.

3. Conservation sous gestion stricte : lorsque le matériau ne présente pas de risque immédiat et fait partie intégrante de l'histoire du bâtiment. Exemple : les sculptures en fibrociment du siège d’Eternit ou encore les décors de théâtre amiantés à Anvers, qui sont préservés dans des conditions sécurisées.

Cas pratiques : entre contrainte sanitaire et préservation du patrimoine

Certains exemples illustrent la complexité des décisions à prendre :

• La Bourlaschouwburg d'Anvers : le rideau coupe-feu du théâtre, datant du XIXe siècle, contenait de l'amiante. Une stratégie a été adoptée pour retirer les composants amiantés tout en préservant la structure.

• La centrale électrique de Zwevegem : site industriel classé, contenant de l’amiante dans ses chaudières historiques. Une décision a été prise pour les conserver sous contrôle, limitant les risques de dispersion.

• La Boerentoren à Anvers : des fibres d'amiante ont été détectées dans les planchers d'origine. Leur remplacement a permis une mise en conformité tout en respectant la structure historique.

Une approche sur-mesure pour un patrimoine sûr et respecté

L'approche flamande montre qu'il est possible de conjuguer sécurité sanitaire et valorisation du patrimoine grâce à une évaluation fine des risques et de la valeur historique de l'amiante. Cette stratégie, qui peut inspirer d'autres pays, repose sur une collaboration entre experts en amiante, architectes du patrimoine et autorégulations gouvernementales.

Source : "Asbestveilig erfgoed – Afwegingskader voor het verwijderen van asbestmaterialen in beschermd onroerend erfgoed", Agentschap Onroerend Erfgoed, 2025.

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