Danemark : retours d'expérience de chantiers de désamiantage
Une récente étude danoise, publiée en novembre 2024, met en lumière des niveaux d’exposition à l’amiante bien supérieurs aux valeurs limites réglementaires, même lors d’interventions de courte durée et en extérieur. Ces résultats questionnent l’efficacité des équipements de protection utilisés et appellent à une vigilance renforcée.
Le 26 mars 2025
Danemark : des niveaux alarmants de fibres d’amiante relevés lors des travaux de désamiantage
Temps de lecture : 5 min
Catégorie : réglementation européenne/ technique
Une récente étude danoise, publiée en novembre 2024 dans le Journal of Hazardous Materials Advances, met en lumière des niveaux d’exposition à l’amiante bien supérieurs aux valeurs limites réglementaires, même lors d’interventions de courte durée et en extérieur. Ces résultats questionnent l’efficacité des équipements de protection utilisés et appellent à une vigilance renforcée.
Des concentrations souvent au-dessus de la valeur limite d’exposition
Sur 14 chantiers de désamiantage étudiés (intérieurs et extérieurs), 11 ont enregistré des dépassements de la valeur limite d’exposition professionnelle (VLEP) danoise de 0,003 fibre/cm³, récemment abaissée. Le pic de concentration mesuré a atteint 0,35 fibre/cm³, soit plus de 100 fois la VLEP, lors du retrait de carrelages avec colle amiantée.
Même en tenant compte d’une moyenne pondérée sur 8 heures (VLEP-TWA), les niveaux restent préoccupants. Certaines interventions, bien que courtes (0,5 à 2 h), induisent des expositions journalières dépassant les seuils réglementaires.
Travaux en extérieur : une fausse sécurité
Contrairement à une idée reçue, les chantiers extérieurs n’éliminent pas le risque. Des niveaux dépassant la VLEP ont été relevés dans la zone de respiration des opérateurs, notamment lors de la dépose de tuiles ou de panneaux en façade. La dispersion des fibres est certes moindre dans l’environnement (échantillons en champ éloigné), mais le risque reste réel pour les intervenants.
Le nettoyage post-désamiantage : un moment critique
Autre point notable : les phases de nettoyage après désamiantage peuvent générer des expositions supérieures à celles mesurées pendant les travaux eux-mêmes. Cela souligne l’importance de maintenir les équipements de protection et les mesures de confinement jusqu’à la fin complète du chantier.
Équipements de protection respiratoire : quelle efficacité réelle ?
L’étude insiste sur la nécessité d’utiliser des appareils de protection respiratoire (APR) adaptés. Elle conclut que :
-
pour les travaux intérieurs, un facteur nominal de protection minimal de 1 000 est requis ;
-
pour les travaux extérieurs, un facteur de 50 pourrait suffire selon les données danoises, mais serait insuffisant au regard des résultats d'autres pays européens.
Cela limite les équipements efficaces à certains appareils à ventilation assistée ou à adduction d’air, excluant les masques faciaux courants.
Des implications pour les États membres de l’UE
L’étude danoise alimente la réflexion sur l’application de la directive européenne 2023/2668, qui impose le passage à la microscopie électronique et propose deux nouvelles valeurs limites (0,002 ou 0,01 fibre/cm³ selon les fibres comptées). Chacune présente des défis techniques et analytiques, en particulier dans des environnements poussiéreux où le surcharge des filtres compromet les prélèvements.
Vers une redéfinition des fibres d’amiante à compter ?
Enfin, les auteurs suggèrent de reconsidérer les critères de définition des fibres de l’OMS, notamment la longueur minimale de 5 µm, car une part significative des fibres détectées était juste en dessous de ce seuil, mais potentiellement tout aussi dangereuse.
Sources : Brostrøm A. et al., Journal of Hazardous Materials Advances, vol. 17, 2025. Article disponible en ligne depuis le 26 novembre 2024.
Pour en savoir plus et bénéficier de notre veille réglementaire et normative, nous consulter.
Management
du risque sanitaire
Parce que le pire est prévisible,
nous vous préparons pour le meilleur.
