Amiante : moins d'impact dans les cas de mésothéliomes (cancers) des femmes ?

Une récente étude américaine analyse l'évolution de la mortalité par mésothéliome (cancer) chez les femmes aux États-Unis et remet en question certaines conclusions publié par les Centres de Contrôle et de Prévention des Maladies (CDC -Etats-Unis). Contrairement à l’idée que l’exposition à l’amiante serait responsable d'une augmentation des décès chez les femmes, les auteurs avancent que cette hausse serait principalement due à l’allongement de l’espérance de vie.

Le 4 mars 2025

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Tendances de la mortalité par mésothéliome chez les femmes américaines : une hausse en trompe-l'œil ?

Temps de lecture : 5 minutes
Catégorie : Étude scientifique et santé publique

Une récente étude parue dans Toxicology and Industrial Health analyse l'évolution de la mortalité par mésothéliome chez les femmes aux États-Unis et remet en question certaines conclusions du Morbidity and Mortality Weekly Report (MMWR) publié par les Centres de Contrôle et de Prévention des Maladies (CDC -Etats-Unis). Contrairement à l’idée que l’exposition à l’amiante serait responsable d'une augmentation des décès, les auteurs avancent que cette hausse serait principalement due à l’allongement de l’espérance de vie.

Mortalité stable mais nombre de décès en hausse

Le rapport du CDC indique une augmentation de 25 % des décès dus au mésothéliome chez les femmes entre 1999 et 2020. Cependant, cette étude américaine précise que le taux de mortalité ajusté selon l’âge est resté stable sur cette période. Cela signifie que l’augmentation du nombre absolu de décès est due à une population vieillissante plutôt qu'à une augmentation des cas liés à l’amiante.

Un lien avec l'amiante contesté

Historiquement, le mésothéliome (cancer de la plèvre pulmonaire) a été associé à l’exposition à l’amiante, mais principalement chez les hommes ayant travaillé dans des secteurs industriels. Or, les données montrent que peu de femmes ont été exposées à des niveaux significatifs d'amiante, notamment depuis la réduction drastique des expositions professionnelles dès les années 1970.

L'étude insiste également sur les différences de potentiels cancérogènes entre les fibres d'amiante : les amphiboles (amosite, crocidolite) sont beaucoup plus dangereuses que le chrysotile, qui était la forme la plus couramment utilisée aux États-Unis.

Des facteurs alternatifs à prendre en compte

Les chercheurs avancent plusieurs facteurs pouvant expliquer la persistance du mésothéliome chez les femmes :

  • Prédisposition génétique : certaines mutations, notamment sur le gène BAP1, augmenteraient le risque de développer un mésothéliome sans exposition à l’amiante.

  • Longévité accrue : le risque de mésothéliome augmente avec l'âge, même sans facteur environnemental clairement identifié.

  • Inflammation chronique : des conditions telles que l'endométriose ou les traitements radiologiques antérieurs pourraient jouer un rôle.

Conséquences pour la santé publique

L’étude met en garde contre une interprétation erronée des données qui pourrait orienter les politiques de santé publique vers une lutte contre un "risque aujourd'hui quasi inexistant" (exposition à l'amiante chez les femmes). Elle appelle à une meilleure compréhension des causes sous-jacentes des cas de mésothéliome.

Conclusion

Si la vigilance reste de mise concernant l'exposition à l'amiante, cette étude souligne l'importance d'une analyse critique des tendances épidémiologiques. Dans le cas des femmes américaines, l’augmentation du nombre de décès par mésothéliome "ne semble pas imputable à une recrudescence de l’exposition à l'amiante", mais plutôt à l’allongement de l’espérance de vie et à d'autres facteurs encore mal compris.

Source : Stevens M. E., Tuttle B. P., Brew D. W., Paustenbach D. J. (2024). "An evaluation of trends for mesothelioma mortality in American women : Addressing the content of a recent Morbidity and Mortality Weekly Report (MMWR)". Toxicology and Industrial Health

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